10 août 2010

Sin City


Titre original : Sin City
Réalisateurs : Frank Miller, Robert Rodriguez
Avec : Bruce Willis, Jessica Alba, Benicio del Toro, Rosario Dawson...
Date de sortie : 2005
Pays : USA
Note :
 
Sin City fait partie de la grande famille des films adaptés de comics américains. En l'occurence, Frank Miller adapte sa propre série de BD, en collaboration avec le réalisateur-scénariste Robert Rodriguez (auteur de quelques malheureux nanars tels l'affligeant Spy Kids ou Once Upon a Time in Mexico, que même Johnny Depp ne parvient pas à sauver).

L'intrigue du film est difficile à résumer en quelques lignes. Il s'agit de plusieurs histoires parallèles : le flic Hartigan (Bruce Willis) essaye de protéger sa fiancée, la strip-teaseuse Nancy (Jessica Alba), d'un vicieux pédophile ; Marv (Mickey Rourke), grosse brute misanthrope, veut venger Goldie (Jaime King), assassinée dans son sommeil ; Dwight (Clive Owen), amoureux de Shellie (Brittany Murhpy), passe ses nuits à défendre sa duclinée et ses copines prostituées d'un flic corrompu et violent (Benicio del Toro).

Les personnages sont nombreux, et par conséquent les sous-intrigues aussi. Le tout se déroule dans les bas-fonds glauques et mal famés de Basin City (surnommée Sin City, "la ville du péché"), où tous les policiers sont pourris, toutes les femmes sont sexy et tous les hommes body-buildés.

Sin City ne cherche pas à installer une ambiance réaliste, et c'est d'ailleurs là que réside la seule qualité du film : Rodriguez et Miller sont fidèles à l'imagerie de la BD, tout en noir et blanc très contrasté, avec quelques touches de rouge ici et là, et un peu de jaune maladif pour le personnage du pédophile - sorte de monstre malformé tenant plus de Gollum que de l'humain de base. Visuellement, le film est très beau...
 
Dommage qu'à côté, il n'y ait rien.

Le scénario est correct, sans être extraordinaire. La multiplication des intrigues finit par embrouiller le spectateur, surtout quand les personnages sont filmés dans une quasi-obscurité qui nous empêche de les identifier. Les acteurs correspondent à leur rôle - filles sexy à gros seins et hommes à gros biceps - mais j'ai personnellement du mal à supporter Willis, Rourke et autres gros bras réunis dans un même film.

Le gros problème avec Sin City, c'est la violence. Ou plutôt l'excès de brutalité filmée avec une extrême complaisance. Je ne suis pourtant pas du genre choquée par les scènes violentes au cinéma, ni particulièrement sensible, mais mon souvenir de Sin City reste exclusivement celui du film le plus violent que j'aie jamais vu. On sent que Rodriguez aime le sang, la baston et le gore ; il ne s'en prive pas. Les coups pleuvent, les balles volent, le sang gicle ; Del Toro se fait noyer dans une cuvette de toilettes crasseuse, le pédophile jaunâtre se fait couper en rondelles et Elijah Wood se fait dévorer vivant par un chien, un sourire aux lèvres...

Pourtant, les scènes ne sont pas vraiment insoutenables, ou gores à l'extrême. Toute la violence est très esthétisée, masquée par un noir et blanc expressionniste, noyée dans la pénombre, filmée de façon quasi-abstraite. Ce qu'on éprouve face à ce surplus de brutalité, ce n'est ni du dégoût ni de la peur ; simplement une espèce de ras-le-bol. Une overdose de violence. On lève les yeux au ciel, blasés. "Ça y est, ça recommence..."

Rodriguez s'amuse, visiblement. À la manière de Tarantino - un bon ami à lui -, il use et abuse de la violence ; à la différence que lui n'a pas le don de génie d'entrecouper ses séquences de massacre avec de longues scènes de dialogues brillamment écrites. Or, Tarantino sans les dialogues et sans l'humour noir, il ne reste plus grand-chose, si ce n'est de l'hémoglobine...

Détail ironique : Rodriguez avait demandé à Tarantino de réaliser une séquence de Sin City. La scène, où Dwight voyage en voiture tout en s'entretenant tranquillement avec la tête tranchée du flic corrompu, est la meilleure du film... N'est pas Quentin Tarantino qui veut.

Un film qui présente un intérêt graphique, mais pas suffisant pour ne pas ressentir une folle envie de se lever de son siège de de quitter le cinéma, passablement écœuré... Un "Interdit aux moins de 16 ans" bien mérité, et encore. À réserver aux amateurs de testostérone, de nanas sexy et de mitraillettes.

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