31 juillet 2010

Le Seigneur des Anneaux 1, 2 & 3


Titres origiaux : The Lord of the Rings
(The Fellowship of the Ring
; The Two Towers ; The Return of the King)
Réalisateur : Peter Jackson
Avec : Elijah Wood, Sean Astin, Viggo Mortensen, Ian McKellen...
Date de sortie : 2001, 2002, 2003
Pays : Nouvelle-Zélande
Note : ♥♥♥♥♥

Je ne pouvais pas tenir bien longtemps un blog sur le cinéma sans vous parler de la trilogie du Seigneur des Anneaux. La trilogie que j'ai dû voir une bonne quarantaine de fois - et ce n'est pas une façon de parler. La trilogie qui trône en édition collector 3 x 4 DVD sur mon étagère... La trilogie qui est mon film culte depuis maintenant neuf ans...

Les films sont adaptés des célèbres romans du même nom écrits dans les années 50 par l'écrivain britannique J. R. R. Tolkien. Une histoire d'Elfes, de Seigneurs des Ténèbres, de dragons et de Frodo Baggins, un Hobbit haut comme trois pommes qui, accompagné de huit compagnons, mène une quête pour détruire un Anneau convoité par tous. Les débuts de la désormais classique heroic fantasy, en somme.

Transposer ce chef-d'oeuvre de la littérature au cinéma n'était pas gagné d'avance. Le projet était trop fou et trop ambitieux pour être accepté sans encombre. Les studios Miramar acceptent de financer les films, à une condition : transformer les trois romans initiaux en seulement deux volets au cinéma. L'équipe de réalisation refuse tout net ; résultat, Miramar se désiste du projet. Après des mois de difficultés à trouver un producteur, c'est finalement New Line Cinema qui prend la relève. Cette fois-ci, c'est la bonne...

Reste que tous craignaient que l'entreprise soit vouée à l'échec. C'est vrai, on pouvait craindre un film mineur, au décors de carton-pâte et aux effets spéciaux cheap. Mais c'était sans compter sur le néo-zélandais Peter Jackson, qui co-écrit (avec sa femme Fran Walsh et sa collègue Philippa Boyens) et réalise la trilogie.

Jackson est un réalisateur alors méconnu, qui n'a a son actif que quelques films horrifico-gores de série Z, aux titres aussi alléchants que Braindead ou Bad Taste. Il rassemble une flopée d'acteurs pour la plupart totalement inconnus au bataillon (excellente initiative) et une talentueuse équipe artistique et technique issue en grande partie des studios Weta Workshop et Weta Digital, qu'il a co-créés en 1987 pour ses premiers films. Pour les besoins de la trilogie, Weta invente plusieurs principes totalement novateurs, au niveau des costumes ou des effets spéciaux.

Après plus d'un an de tournage dans les somptueux paysages de la Nouvelle-Zélande sauvage et des mois et des mois de post-production, les films sortent sur les écrans à un an d'intervalle. Et c'est une réussite totale. Les acteurs sont tous parfaits, les paysages sont sublimes, les décors et les costumes d'un réalisme jamais vu apuravant, les effets visuels révolutionnaires et sans imperfection...

Même le scénario, dont l'écriture avait pourtant été épineuse (comment retranscrire des milliers de pages à l'écran ?), est sans faute. Certes, quelques puristes sont mécontents ; quelques fans peu avenants crient au scandales lorsqu'ils s'aperçoivent que Jackson a supprimé la séquence (pourtant ô combien ennuyeuse) de "la rencontre Tom Bombadil". Mais quoi qu'on en dise, Peter Jackson et ses co-scénaristes ont su parfaitement faire le tri entre scènes essentielles et scènes dont on peut se passer, tout en se permettant l'audace de rajouter quelques séquences entièrement inventées pour les besoins des films.

Au final, le spectateur est plongé pendant 3 x 4 heures (ou presque) dans l'univers magique de Middle-Earth, aux côtés de Frodo (Elijah Wood), Sam (Sean Astin), Gandalf (Ian McKellen), Aragorn (Viggo Mortensen) et les autres... Le dépaysement est total. Et le plaisir aussi. Le succès est colossal - les recettes atteignent des sommes égalées seulement par Titanic dans les années 90.

Sans surprise, les films remportent 11 Oscars en 2004, du Meilleur montage aux Meilleurs effets visuels en passant par la Meilleure bande originale et le meilleur Maquillage. Les studios Miramar doivent s'en mordre les doigts... The Return of the King est le film qui a remporté le plus d'Oscars après Titanic et Ben-Hur.

Une trilogie grandiose, à ne manquer sous aucun prétexte ! Préférez la version longue à celle sortie en salles...

Pickpocket


Réalisateur : Robert Bresson
Avec : Martin Lasalle, Marika Green, Jean Pélégri, Dolly Scal...
Date de sortie : 1959
Pays : France
Note :

OK, OK, allez-y, frappez-moi, traitez-moi d'inculte... J'ai osé détester un film du graaaand Robert Bresson. Hé oui, c'est comme ça. Ma critique n'engage que moi, mais j'ai vraiment eu beaucoup, beaucoup de mal avec ce film...

Pourtant, je n'avais pas de préjugé négatif au départ. On m'en avait dit le plus grand bien, et je me disais que puisque Bresson était si adulé dans le milieu du cinéma, il devait y avoir une raison. Peut-être que je suis tout simplement trop terre-à-terre pour apprécier Pickpocket à sa juste valeur, mais honnêtement...

Le gros problème - qui est selon certains la plus grande qualité -, c'est le jeu des acteurs. Enfin, acteurs est un grand mot, quand on sait que Martin Lasalle, qui interprète le personnage principal, est un novice non professionnel. Le jeu bressonien est une espèce de soi-disant "non-jeu" : ton plat, visage inexpressif, dialogues monotones. Seulement, moi, la seule impression que j'ai eue - et j'aime à croire que j'ai raison - c'est que les acteurs jouent déplorablement mal. Ç'a beau être un style, j'ai personnellement du mal à accrocher à un film dans lequel les acteurs sont terriblement mauvais... La seule qui s'en sort avec les honneurs est Marika Green, qui joue Jeanne, la maîtresse du héros Michel.

L'histoire raconte les (més)aventures d'un pickpocket professionnel, Michel, dont le seul intérêt dans la  vie est de voler les portefeuilles des gens qui l'entourent. Le scénario aurait pu être matière à suspense, à rebondissements. Mais non. Bresson tue toute forme de suspense avant même qu'elle ne commence à naître. Tout le film est à l'image du personnage principal : plat, monotone, et hautement ennuyeux. Difficile de regarder le film sans s'endormir devant... Ce qui est, pour moi, très rare.

Les critiques ne tarissent pas d'éloges sur le montage et l'utilisation de la musique peu conventionnels dans le film ; les seules scènes vraiment intéressantes sont celles, très précises et toutes en gros plans, où l'on voit la main de Michel plonger dans la poche d'une de ses victimes. Pour le reste, rien d'extraordinaire... On n'éprouve rien, on n'est transporté nulle part, on reste de marbre face à cette succession de longs plans en noir et blanc. Esthétiquement, le film ne m'a pas paru extrêmement recherché, contrairement à un Murnau ou un Fritz Lang.

Au final, le sentiment qui domine chez moi est que Bresson, excusez mon vocabulaire, nous prend pour des cons. J'ai trouvé que son film était très prétentieux, très "je fais du grand art", mais que le résultat est une  œuvre médiocre et nullement à la hauteur de ses ambitions... L'interview de Robert Bresson que j'ai regardée juste après la projection m'a confortée dans cette idée : le bonhomme est pédant et hautain, méprise totalement le journaliste et se prend pour un être supérieur - il ne prend même pas la peine de répondre aux questions qu'il juge indignes de sa grande personne.

Peut-être suis-je simplement trop stupide pour comprendre/apprécier le style - ou devrait-on direr le non-style ? - du cinéaste... En tous cas, je me suis rarement autant ennuyée devant un film. Avis aux amateurs... Ou pas.

30 juillet 2010

[REC]


Titre original : [REC]
Réalisateur : Jaume Balagueró & Paco Plaza
Avec : Manuela Velasco, Ferran Terraza, Jorge-Yamam Serrano...
Date de sortie : 2008
Pays : Espagne
Note : ♥♥♥

Tout ce que je savais de [REC] avant de le voir, c'était que ce film d'horreur était construit sur le même principe que Le Projet Blair Witch (1999) : filmer l'intégralité du film caméra à l'épaule, à la manière d'un documentaire, prétextant la présence de la caméra d'une manière ou d'une autre. Ici, il s'agit d'une équipe de télévision qui filme un reportage sur la vie quotidienne des pompiers, et qui va se retrouver happée dans une succsession d'évenements plus effryants les uns que les autres - événements qui seront donc filmés par le reporter tenant la caméra.

L'idée, même si elle n'est pas révolutionnaire puisqu'elle existait déjà avant [REC], est excellente. La qualité de l'image est médiocre, les problèmes de focale ou de son sont fréquents ; tout vise à faire passer le film pour une situation filmée "sur le vif", comme des images qu'on verrait aux infos. Très vite, on y croit, et loin d'être gênante, cette caméra mobile et nerveuse nous plonge totalement dans l'ambiance. On a le sentiment d'être là, avec eux.

L'histoire est simple mais efficace : pendant ce fameux reportage où deux journalistes suivent une équipe de pompiers, ces derniers sont appelés à intervenir dans un immeuble pour venir calmer une vieille femme en proie à une soi-disant crise d'hystérie violente. La femme, comme possédée, mord l'un des policiers venus sur le terrain et lui arrache la moitié de la joue. Alors que les habitants de l'immeuble sont affolés et que le blessé doit être évacué d'urgence, le quartier est soudain cerné, l'immeuble isolé : plus personne ne doit en entrer ou sortir...

De là, cette situation au départ anodine sombre progressivement dans l'horreur absolue. Assez vite, on apprend que les habitants de l'immeuble pourraient être contaminés par un virus qui rend excessivement violent et agressif. Qui est déjà condamné ? Comment leur échapper ? Comment savoir qui est déjà porteur du virus ?

Les acteurs sont excellents (notamment l'héroïne, jouée par Manuela Velasco, et le pompier, joué par Ferran Terazza) et portent entièrement le film sur leurs épaules - aucun décor, effet, lumière ou mise en scène ne pouvant aider à la crédibilité du film. Ils jouent d'une façon si naturelle qu'on les croirait eux aussi en train de vivre réellement la situation.

[REC]
est plus sanglant que Le Projet Blair Witch (dans lequel on ne voyait ni sang ni images gore ou effrayantes), certaines scènes et images sont relativement gore - mais sans aucune complaisance, on suggère plus qu'on ne montre. Certains ont affirmé que ce film dépassait Blair Witch - je ne suis pas d'accord, ce sont simplement deux films très différents et ils ont chacun leurs - nombreuses - qualités.

[REC] nous tient en haleine du début à la fin et nous prouve qu'on a pas besoin de millions de dollars et de centaines d'effets spéciaux pour faire peur... Âmes sensibles s'abstenir !

29 juillet 2010

Le Jeu de la Mort


 Réalisateur : Christophe Nick
Date de sortie : 2010
Pays : France
Note : ♥♥♥♥

Le Jeu de la Mort est un documentaire réalisé par le journaliste Christophe Nick ; ce dernier a effectué en 2009 une expérience visant à démontrer l'obéissance d'un individu face à une autorité considérée comme légitime - et a prouvé que nous sommes tous des bourreaux potentiels...

L'idée s'appuie sur la célèbre expérience de Milgram (qui date de 1961) : un candidat (choisi aléatoirement) devait infliger des décharges électriques de plus en plus fortes à un autre homme (en fait un comédien), poussé par un médecin en blouse blanche. Les résultats étaient inquiétants : 62,5% des candidats allaient jusqu'au bout de l'expérience, envoyant des décharges potentiellement mortelles à leur camarade, et ce malgré les supplications de ce dernier... Tout simplement parce qu'on leur disait de le faire.

Christophe Nick a choisi de répéter l'expérience 40 ans plus tard, en la transposant dans le monde très en vogue de la télé-réalité. Pour cela, il invente une émission de télé factice, La Zone Xtrême, dans laquelle deux candidats jouent ensemble : l'un deux pose une série de questions à l'autre, qui est attaché à une chaise électrique. En cas de mauvaise réponse, le candidat numéro 1 envoie une décharge à son partenaire... Les décharges augmentant de 20 à... 460 volts - décharge potentiellement mortelle sur un être humain.

Bien sûr, le candidat assis sur la chaise électrique est en réalité un comédien, de même que la présentatrice du jeu (Tania Young) : le premier simule la douleur et ne reçoit en réalité aucune décharge, et la seconde a pour rôle de pousser les candidats à continuer, leur assurant que "nous assumons toutes les conséquences", que "vous devez continuer le jeu", etc. En revanche, les "questionneurs" ainsi que le public ne sont au courant de rien, ils pensent vraiment infliger des décharges au candidat... 

Qui se soumettra ? Qui va se révolter ? Jusqu'où iront-ils ?

Les résultats du test sont glaçants : contre 62,5% dans les années 60, le taux d'obéissance est à présent de... 81%. Oui, 81% des candidats sont allés jusqu'à envoyer 460 volts à leur partenaire... Ça paraît impossible. Chacun, en voyant l'émission, se rassure en se disant "Moi, je ne l'aurais jamais fait..." Moi y compris. Pourtant, ces bourreaux sont au départ des gens ordinaires, et non des brutes sadiques ou prédisposées à la violence. Mais sous les injonctions de Tania Young, les encouragements du public et l'ambiance du plateau télé, presque tous restent jusqu'au bout...

Quelques-uns, malgré tout, choisissent d'arrêter le jeu - et ce en larmes, complètement choqués, après maintes tentatives de rébellion écrasées par un laconique "Le jeu exige que vous alliez jusqu'au bout" de la glaciale présentatrice. Après coup, on informe tous les candidats que ce n'était qu'une mise en scène, et alors tous ceux qui ont "torturé" le comédien ont terriblement honte de ce qu'ils ont fait... Mais ils l'ont fait.

Le documentaire est très bien écrit et monté, alternant les images du "jeu" télévisé, les interviews de scientifiques ayant participé à l'expérience, les interviews des candidats - les obéissants comme les "rebelles". Christophe Nick ne juge personne, n'essaye pas de dénoncer les "bourreaux", simplement de comprendre le mécanisme qui a pu pousser des gens comme vous et moi à torturer un homme innocent - tout ça pour un jeu... (Il faut ajouter qu'aucune somme d'argent n'était à la clé, ce qui rend l'obéissance des candidats encore plus incroyable...).

Le film ne laisse pas indifférent et nous prouve à quel point l'humanité est capable de tout... Un documentaire effrayant mais passionnant.

28 juillet 2010

Da Vinci Code


 Titre original : The Da Vinci Code
Réalisateur : Ron Howard
Avec : Tom Hanks, Audrey Tautou, Paul Bettany, Ian McKellen...
Date de sortie : 2006
Pays : USA
Note : ♥♥

Le film Da Vinci Code est une adaptation du best-seller écrit par Dan Brown en 2003 - roman à succès assez mal écrit, mais que les Américains se sont bien sûr empressés d'acheter afin de le transformer en film, comme ils aiment le faire. Ils auraient pu s'abstenir...

La film raconte l'histoire d'un symbologiste américain, Robert Langdon (Tom Hanks) qui se retrouve un peu malgré lui mêlé à une sombre histoire de meurtre, sur fond de religion, de sectes et d'ésotérisme. Il est aidé dans son enquête par la jeune Sophie Neveu (Audrey Tautou), nièce de l'homme qui a été tué...

Le scénario du roman était légèrement tiré par les cheveux, mais néanmoins truffé de suspense et de fausses pistes, ce qui rendait la lecture intéressante. Le film, quant à lui, reprend (forcément) le manque de crédibilité qui nuisait au livre, mais en plus, échoue là où il aurait pu réussir, c'est-à-dire à créer du suspense, mener le spectateur d'indice en indice, lui faire deviner progressivement le fin mot de l'histoire de la même façon que l'avait fait Dan Brown.

Dans Da Vinci Code, d'abord on ne comprend rien, puis tout d'un coup on comprend tout. Le réalisateur nous enfonce dans une surcharge de termes ésotériques, de magouilles peu claires et d'images peu compréhensibles (éléments clés du film filmés dans le noir, voilà qui n'aide pas à la compréhension...), puis, sentant le spectateur perplexe, décide de tout éclaircir d'un seul coup, grâce au procédé très peu subtil du personnage secondaire qui explique tout à nos héros - illustré par des flashbacks... Du coup, aucune montée du suspense ne vient rythmer le film, puisqu'on nous livre tous les éléments de réponse en une seule fois, après 1h30 de brouillard total.

Ceux qui n'ont pas lu le livre risquent par ailleurs de ne rien comprendre au film, tant le scénario fait l'impasse sur certains passages pourtant essentiels du roman de Brown.

Côté casting, Tom Tanks est correct mais pas exceptionnel, Audrey Tautou plate et ennuyeuse, et Jean Reno mauvais comédien - ceci est une appréciation personnelle, j'ai toujours trouvé que Reno jouait mal.

Un film aux qualités scénaristiques médiocres, mais qui peut offrir un divertissement aux amateurs d'ésotérisme et de complots religieux... Regardable, mais pas indispensable.

27 juillet 2010

Dead Man


Titre original : Dead Man
Réalisateur : Jim Jarmusch
Avec : Johnny Depp, Gary Farmer, Lance Henriksen, Robert Mitchum...
Date de sortie : 1995

Pays : USA
Note : ♥♥♥♥♥

J'ai été obligée de classer Dead Man dans une catégorie, un genre ; j'ai choisi de le ranger dans "Drame", mais ce n'est pas très exact. Le film est un OVNI, une œuvre complètement à part, mi-western, mi-fantastique, mi-film noir... Et un peu de drame, donc.

Il raconte l'histoire, au XIX° siècle, de William Blake (Johnny Depp), un comptable de Cleveland venu chercher un emploi au fin fond d'un bled de l'Amérique sauvage, du nom de Machine. Une fois sur place, cependant, les choses ne tournent pas comme prévu et il se retrouve accusé de deux meurtres ; il s'enfuit et est recueilli par un Indien du nom de Nobody (Gary Farmer) avec lequel il va accomplir un voyage aussi troublant qu'initiatique.

De ce film, on retiendra notamment la mémorable séquence d'ouverture, narrant le trajet en train de Blake depuis Cleveland jusqu'à la petite ville de Machine - le terminus de la ligne. Les gros plans sur le mécanisme du train à vapeur alternent avec les plans sur le visage de William Blake, qui suit l'évolution du paysage à travers la fenêtre : un paysage de plus en plus sauvage, de plus en plus inconnu, qui finit par en devenir quasi-effrayant.

Blake a l'air aussi à l'aise qu'un poisson hors de l'eau, et passera la totalité du film à évoluer, à apprendre à vivre dans ce nouveau monde. La transformation - physique et psychologique - du personnage est radicale et sans retour possible. Johnny Depp est comme toujours impeccable dans son rôle, et le reste du casting ne l'est pas moins (Robert Mitchum, Iggy Pop, Gabriel Byrne...).

Le film porte bien son nom, et annonce la couleur dès le début : il s'agit d'une oeuvre sur la mort... Blake est  gravement blessé dès les dix premières minutes, et son compagnon Nobody, qui le prend pour le poète portant le même nom que lui, le lui répète sans arrêt : "You're a dead man, Bill Blake..."
Tourné dans un noir et blanc très contrasté, Dead Man est un bijou visuel à chaque plan. Jarmusch réussit à créer des ambiances surréalistes et oniriques à partir de rien - un arbre, une plaine désertique, etc. (le film a été tourné presque entièrement en décors naturels, en Oregon). La musique répétitive et envoûtante de Neil Young contribue à l'atmosphère unique du film.

Johnny Depp, Neil Young, Jarmusch... Une œuvre magnifique réalisée par un grand cinéaste, à voir absolument !

26 juillet 2010

Le Clan des Siciliens


Réalisateur : Henri Verneuil
Avec : Alain Delon, Jean Gabin, Lino Ventura, Irina Demick...
Date de sortie : 1969
Pays : France
Note : ♥♥♥♥

Aujourd'hui, petit tour dans les années 60, avec un "film de gangsters" typique de l'époque - et avec les trois acteurs les plus emblématiques du genre, à savoir Alain Delon, Lino Ventura et Jean Gabin.

Le film raconte les aventures d'un clan de mafiosi italiens, les Manalese, qui préparent un important hold-up visant à mettre la main sur une collection de bijoux exposés à la Villa Borghese en Italie. Pour ce faire, la "famille", dirigée par  le patriarche Vittorio (Jean Gabin) fait évader de prison le gangster Roger Sartet (Alain Delon), qui détient des informations essentielles à la réussite de leur coup... Pendant ce temps, le commissaire Le Goff (Lino Ventura) recherche activement Sartet et ses complices.

Un scénario classique, donc, comme il y en a eu des centaines dans les années 50 et 60. Classique mais hautement efficace... Dès la première séquence - la mémorable évasion de Sartet d'une fourgonnette de la prison - on est happé par l'action et le suspense grâce à des plans très étudiés et la géniale musique du grand Ennio Morricone. La suite est à l'image de cette séquence d'ouverture : rythmée, dynamique, pleine de rebondissements.

Côté casting, je dois avouer - honte à moi - que j'ai habituellement beaucoup de mal avec Gabin, mais dans ce film-là, j'ai réussi à l'apprécier malgré tout. Il est bien choisi pour le rôle - Vittorio Manalese, chef de clan de la mafia sicilienne. Lino Ventura est parfait en commissaire cynique et désabusé, et Delon toujours aussi beau dans son éternel rôle de truand séduisant. Les seconds rôles sont également bien distribués, notamment Irina Demick dans le rôle de Jeanne Manalese, maîtresse de Sartet.

Le Clan des Siciliens a été tourné en trois langues (français, italien, anglais) et les acteurs s'en sortent tous fort bien ; ce choix ajoute de la crédibilité au film, dont l'action se déroule dans plusieurs pays différents.

Dans ses décors, le film est bien sûr typiquement sixties, et je ne me lasse jamais de regarder ce mobilier pop, ces papiers peints improbables, ces vêtements aux couleurs pétantes, ces voitures devenues des raretés... Rien que pour l'ambiance et la mode de l'époque, le film vaut le détour !

Le bémol que j'émettrais est que la fin du film - que je ne dévoilerai pas ! - est un peu bâclée à mon goût, trop rapide, pas assez mise en valeur... En même temps, l'absence totale de pathos et d'emphase est aussi une qualité.

Un très bon film, devenu un classique, qui plaira autant aux amateurs du genre qu'à un public plus large. À voir !

25 juillet 2010

Gainsbourg (Vie Héroïque)


Réalisateur : Joann Sfar 
Avec : Eric Elmosnino, Laetitia Casta, Lucy Gordon, Anna Mouglalis...
Date de sortie : 2010
Pays : France
Note :

Aujourd'hui, un film que j'ai vu très récemment... Un biopic sur Serge Gainsbourg, réalisé par l'auteur de BD Joann Sfar, qui ne s'est pas privé d'apporter sa patte très personnelle à son "conte", comme il l'appelle. Une réalisation personnelle, c'est bien, me direz-vous... Mais là, non. Disons que ça ne colle pas du tout au sujet...

Sfar mélange la vie de Gainsbourg avec son propre univers, crée un "double" du chanteur qui l’accompagne partout sous la forme d'un personnage en pâte à modeler quasi-Tim-Burtonien, anime les dessins que le petit Serge voit sur les affiches nazies, fait parler le chat de Juliette Gréco et invente des séquences presque cartoonesques. Alors certes, le réalisateur précise qu'il "aime trop Gainsbourg pour essayer de le ramener au réel", mais son fillm frise parfois (souvent ?) le ridicule.

Côté acteurs, Eric Elmosnino ressemble beaucoup à Serge Gainsbourg, mais en fait des tonnes, exagère démesurément la gestuelle, pousse les mimiques jusqu'à la limite du supportable. Je ne connais pas assez bien Gainsbourg pour savoir comment il marchait, bougeait et tenait sa cigarette, mais là, j'ai plus eu l'impression de voir une sorte de Jack Sparrow que Gainsbourg... Si si.

Le reste du casting est plutôt bon, Laetitia Casta convaincante en Brigitte Bardot et Lucy Gordon en Jane Birkin. J'ai beaucoup apprécié Anna Mouglalis en Juliette Gréco, qu'on ne voit malheureusement pas beaucoup. Il y a quelques choix d'acteurs qui m'ont un peu déconcertée, comme Philippe Katerine en Boris Vian (!) ou Sara Forestier en France Gall.

Quant au scénario, il est assez plat et monotone ; Gainsbourg enchaîne les rencontres, les maîtresses, les potes, les conneries de façon assez répétitive. Le début, où l'on voit Serge enfant, traîne trop en longueur et n'apporte pas grand-chose au film... L'un des meilleurs moments est pour moi le générique de début (c'est dire !) dessiné par Sfar.

Un biopic en forme de conte surréaliste, donc, et une œuvre peut-être trop personnelle pour être accessible au "grand public" - et qui m'a, pour ma part, laissée perplexe... Bof.

24 juillet 2010

Millénium 1, 2 & 3


Titres originaux : Man som hatar Kvinnor, Flickan som lekte met Elden, Luftslottet som Sprängdes
Réalisateurs : Niels Arden Oplev, Daniel Alfredson
Avec : Noomi Rapace, Mikael Nyqvist, Lena Endre, Peter Andersson...

Date de sortie : 2009
Pays : Suède 
Note : ♥♥♥♥

On commence avec le film qui illustre le blog ce mois-ci... La saga Millénium. Cette trilogie est l'adaptation des romans à succès de Stieg Larsson. Elle raconte les aventures de la jeune hackeuse Lisbeth Salander et du journaliste Mikael Blomkvist, tantôt en parallèle et tantôt ensemble. Les deux personnages vont se retrouver plongés dans des sombres affaires de meurtre, de services secrets et de complots politiques...

J'avais adoré les romans, dont l'intrigue et les personnages sont excellents, donc j'avais peur d'être vraiment déçue par les films... Finalement, ce n'est pas le cas. Certes, on a du mal à se faire aux acteurs après avoir imaginé les personnages dans sa tête, comme toujours avec les adaptations de romans, mais les comédiens sont tous très bien choisis - mention spéciale à la géniale Noomi Rapace dans le rôle de Lisbeth Salander - même si la ressemblance physique aved le personnage n'est pas évidente, l'actrice suédoise de 28 ans a su retranscrire à l'écran la personnalité complexe de Lisbeth.

J'ai mis du temps à me faire à la tête de Mikael Nyqvist, qui joue le journaliste Mikael Blomkvist (allez vous y retrouver dans les noms !) ; au début je trouvais qu'il n'allait pas du tout, mais en fait, je me suis habituée. Le charme du film réside dans le fait que les acteurs soient tous entièrement inconnus en France - une fraîcheur bienvenue qui risque de se trouver écrasée par l'hypothétique remake américain - on parle de Brad Pitt et Natalie Portman... Pitié.

Les critiques ont beaucoup reproché à ces films la platitude et le côté impersonnel de la réalisation ; certes, elle ne brille pas par son originalité, mais elle est correcte et pas mauvaise non plus. Les paysages et les ambiances sont très bien rendus, l'atmosphère glaciale de la Suède est bien représentée, surtout dans le premier opus - les deux autres se concentrent plus sur les personnages que sur les décors (beaucoup de gros plans, scènes d'intérieur, etc.)

Les trois films suivent scrupuleusement les romans, l'adaptation est très fidèle - même si certains passages ont été coupés, malheureusement, mais c'était forcé - et la narration est claire et prenante, ce qui est plutôt réussi sachant que l'intrigue des romans est relativement complexe (magouilles politiques compliquées, nombreux personnages secondaires...).

Un très bon divertissement donc, un bon polar au scénario solide et au casting parfait qui se laisse facilement regarder !