Titre original : Blow-Up
Réalisateur : Michelangelo Antonioni
Réalisateur : Michelangelo Antonioni
Avec : David Hemmings, Vanessa Redgrave, Sarah Miles, Peter Bowles...
Date de sortie : 1966
Pays : Angleterre
Date de sortie : 1966
Pays : Angleterre
Note : ♥♥♥♥
Blow-Up est le premier film qu'Antonioni (réalisateur de La Notte, L'Avventura) a tourné en Angleterre avec un casting britannique, et aussi celui qui a eu le plus gros succès critique et commercial.
Le film raconte l'histoire d'un jeune photographe de mode à succès, Thomas (David Hemmings), qui mène une vie futile et égoïste dans son loft londonien. Un jour, alors qu'il flâne dans un parc à la recherche d'inspiration, il surprend un couple (une jeune femme et un homme plus âgé) en train de flirter. Il les prend en photo en cachette. Un peu plus tard, de retour chez lui, il développe les clichés et, en agrandissant l'un d'eux, découvre qu'il a accidentellement photographié un cadavre...
À peine a-t-il fait cette découverte que la femme du parc, Jane (Vanessa Redgrave) frappe à sa porte et exige de récupérer la pellicule photo sur laquelle elle figure... Lentement, le monde superficiel et rangé de Thomas va alors s'effriter pour laisser place à un univers entre rêve, fantasme et réalité.
De nos jours, un certain nombre de gens voient Blow-Up comme une sorte de manifeste des années 60, une œuvre dont le principal but est de montrer l'ambiance du Swinging London et de l'industrie de la mode à l'époque. C'est sous-estimer totalement le film. Certes, Antonioni prend son temps pour nous montrer le monde dans lequel évolue son héros : photos de mode avec des mannequins avec qui il couche après la séance ; orgies avec LSD et pétards à volonté ; concert des Yardbirds avec une foule habillée 100% sixties...
Mais penser que c'est là le propos d'Antonioni est une erreur. Le réalisateur ne s'intéresse pas à la société londonienne des années 60 ; ni même, comme le synopsis du film peut le faire penser, à construire un thriller à suspense autour du cadavre découvert par Thomas. Blow-Up, c'est un film sur la perception de la réalité.
Au début du film, Thomas croise, au détour d'une rue, un groupe de mimes entassés dans une décapotable. Ce seront ces mêmes mimes qui révéleront plus tard la clé du film, ainsi que son vrai propos. Mais revenons en arrière : alors que Thomas tente de résoudre le mystère du corps photographié par hasard, la pellicule contenant les photos disparaît mystérieusement. Thomas décide de retourner dans le parc, pour chercher lui-même le cadavre... Or, une fois à l'emplacement où le mort aurait dû se trouver, il n'y a rien.
Perplexe, Thomas rebrousse chemin, et croise à nouveau la voiture des mimes. Ceux-ci garent leur véhicule, entrent sur un terrain de tennis désert et entreprennent de jouer un match imaginaire, sans balle ni raquettes, dans un silence total. Thomas les observe jusqu'à ce que la balle imaginaire "sorte" du terrain, et que l'un des joueurs lui fait signe d'aller la récupérer... Thomas va effectivement chercher la "balle", et fait mine de la lancer aux joueurs. À partir de ce moment, il commence à entendre le son imaginaire des raquettes...
Cette scène est la dernière du film. Blow-Up se termine sur un gros plan de Thomas, avec le son des balles de tennis en fond, hors-champ. Elle résume tout ce qu'Antonioni a voulu dire : la réalité n'est qu'une affaire de perception, subjective et changeante en fonction de l'individu. Thomas, toujours si terre-à-terre, prend finalement part à ce match imaginaire, qui devient pour lui réel à partir de ce moment-là... Le cadavre était-il vraiment là ? Un crime a-t-il vraiment été commis ? Jane y est-elle mêlée ? On ne le saura pas. Chacun voit et pense ce qu'il a envie de voir et penser, à l'instar des héros du film.
Antonioni sème des indices menant à cette interprétation tout au long du film ; de nombreux dialogues ont pour objet, de façon plus ou moins explicite, l'altération de la réalité. À l'instar de ces répliques entre Thomas et l'une de ses modèles : "I thought you were in Paris..." "I am", répond-elle. Le film mérite deux ou trois visionnages pour bien en saisir le sens et l'apprécier à sa juste valeur...
Un film étrange et déstabilisant à l'atmosphère oppressante, qui rappelle parfois David Lynch. Un chef-d'œuvre qui a directement inspiré le film Blow-Out de Brian De Palma, des années plus tard...
Le film raconte l'histoire d'un jeune photographe de mode à succès, Thomas (David Hemmings), qui mène une vie futile et égoïste dans son loft londonien. Un jour, alors qu'il flâne dans un parc à la recherche d'inspiration, il surprend un couple (une jeune femme et un homme plus âgé) en train de flirter. Il les prend en photo en cachette. Un peu plus tard, de retour chez lui, il développe les clichés et, en agrandissant l'un d'eux, découvre qu'il a accidentellement photographié un cadavre...
À peine a-t-il fait cette découverte que la femme du parc, Jane (Vanessa Redgrave) frappe à sa porte et exige de récupérer la pellicule photo sur laquelle elle figure... Lentement, le monde superficiel et rangé de Thomas va alors s'effriter pour laisser place à un univers entre rêve, fantasme et réalité.
De nos jours, un certain nombre de gens voient Blow-Up comme une sorte de manifeste des années 60, une œuvre dont le principal but est de montrer l'ambiance du Swinging London et de l'industrie de la mode à l'époque. C'est sous-estimer totalement le film. Certes, Antonioni prend son temps pour nous montrer le monde dans lequel évolue son héros : photos de mode avec des mannequins avec qui il couche après la séance ; orgies avec LSD et pétards à volonté ; concert des Yardbirds avec une foule habillée 100% sixties...
Mais penser que c'est là le propos d'Antonioni est une erreur. Le réalisateur ne s'intéresse pas à la société londonienne des années 60 ; ni même, comme le synopsis du film peut le faire penser, à construire un thriller à suspense autour du cadavre découvert par Thomas. Blow-Up, c'est un film sur la perception de la réalité.
Au début du film, Thomas croise, au détour d'une rue, un groupe de mimes entassés dans une décapotable. Ce seront ces mêmes mimes qui révéleront plus tard la clé du film, ainsi que son vrai propos. Mais revenons en arrière : alors que Thomas tente de résoudre le mystère du corps photographié par hasard, la pellicule contenant les photos disparaît mystérieusement. Thomas décide de retourner dans le parc, pour chercher lui-même le cadavre... Or, une fois à l'emplacement où le mort aurait dû se trouver, il n'y a rien.
Perplexe, Thomas rebrousse chemin, et croise à nouveau la voiture des mimes. Ceux-ci garent leur véhicule, entrent sur un terrain de tennis désert et entreprennent de jouer un match imaginaire, sans balle ni raquettes, dans un silence total. Thomas les observe jusqu'à ce que la balle imaginaire "sorte" du terrain, et que l'un des joueurs lui fait signe d'aller la récupérer... Thomas va effectivement chercher la "balle", et fait mine de la lancer aux joueurs. À partir de ce moment, il commence à entendre le son imaginaire des raquettes...
Cette scène est la dernière du film. Blow-Up se termine sur un gros plan de Thomas, avec le son des balles de tennis en fond, hors-champ. Elle résume tout ce qu'Antonioni a voulu dire : la réalité n'est qu'une affaire de perception, subjective et changeante en fonction de l'individu. Thomas, toujours si terre-à-terre, prend finalement part à ce match imaginaire, qui devient pour lui réel à partir de ce moment-là... Le cadavre était-il vraiment là ? Un crime a-t-il vraiment été commis ? Jane y est-elle mêlée ? On ne le saura pas. Chacun voit et pense ce qu'il a envie de voir et penser, à l'instar des héros du film.
Antonioni sème des indices menant à cette interprétation tout au long du film ; de nombreux dialogues ont pour objet, de façon plus ou moins explicite, l'altération de la réalité. À l'instar de ces répliques entre Thomas et l'une de ses modèles : "I thought you were in Paris..." "I am", répond-elle. Le film mérite deux ou trois visionnages pour bien en saisir le sens et l'apprécier à sa juste valeur...
Un film étrange et déstabilisant à l'atmosphère oppressante, qui rappelle parfois David Lynch. Un chef-d'œuvre qui a directement inspiré le film Blow-Out de Brian De Palma, des années plus tard...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire