11 août 2010

Le Cercle Rouge


 Réalisateur : Jean-Pierre Melville
Avec : Alain Delon, André Bourvil, Yves Montant, Gian-Maria Volonte...
Date de sortie : 1970
Pays : France
Note : ♥♥

Trois ans après son film - devenu culte - Le Samouraï (avec Alain Delon), le spécialiste du film noir Jean-Pierre Melville revient avec un nouveau polar typiquement seventies, Le Cercle Rouge. Cette fois, au lieu d'un seul, ce sont quatre acteurs qui se partagent l'affiche : Alain Delon, Bourvil, Yves Montand et  Gian-Maria Volonte.

Corey (Delon) est un voyou qui sort tout juste de cinq ans de prison pour braquage. Par hasard, il fait la connaissance de Vogel (Volonte), un truand qui vient juste de s'évader alors qu'il était transféré sous la surveillance du commissaire Mattei (Bourvil). Ensemble, les deux hommes décident d'organiser un monumental cambriolage dans une joaillerie de la place Vendôme. À cette occasion, Vogel présente à Corey un ex-policier devenu alcoolique, Jansen (Montand), qui les y aidera. Pendant ce temps, le commissaire Mattei jure à ses supérieurs de tout mettre en oeuvre pour rattraper Vogel...

On se doute évidemment que les histoires parallèles vont finir par s'entrecroiser. En dehors de l'intrigue principale menée par les quatre héros, il y a encore plusieurs sous-intrigues et de nombreux personnages secondaires.

Les acteurs portent efficacement leurs personnages. Bourvil y connaît un de ses rares (voire le seul ?) rôles "sérieux", et ça lui va plutôt bien. Yves Montand est parfait en alcoolique désespéré, dont la première apparition est une scène où, dans son lit, il est victime d'un delirium tremens et voit tout un tas de bestioles lui grimper dessus. Gian-Maria Volonte, que je vois pour la première fois, est lui aussi efficace dans le rôle de l'évadé ; quand à Delon, fidèle à lui-même, il reprend son sempiternel rôle de truand pas bavard. Classique, mais toujours bon. Et beau. Hum.

On appréciera (ou pas) le fait que le film est, pour une fois, totalement dépourvu de romance entre voyou et jolie fille - exceptionnellement, Alain Delon ne fait aucune rencontre (si si). Le Cercle Rouge est un film d'hommes, où les femmes n'ont aucune place. Les seules qu'on voit sont les danseuses d'un cabaret minable. Certes, ça nous prive d'un certain nombre de belles robes sixties, mais personnellement, j'aime assez l'absence d'histoire(s) d'amour...

Comme son titre ne l'indique pas, Le Cercle Rouge baigne essentiellement dans une atmosphère bleutée, sombre, glauque et froide. Les personnages évoluent dans une nuit quasi-permanente, de bars mal famés aux chambres décrépites. Les paysages, peu nombreux (la plupart des scènes sont tournées en intérieur), sont exclusivement composés de prairies enneigées, de forêts boueuses et de routes trempées de pluie. Dès le début, on est pris par cette ambiance morne aux couleurs désaturées ; ainsi, la symbolique du cercle rouge glissée ici et là par le réalisateur devient évidente. Melville inclut  dans son film des éléments rouges - et ronds, donc - qui attirent immédiatement l'œil : ourlet de jarretelle, feu rouge, cible...

Côté mise en scène, le film est très lent (il dure tout de même 2h20, ce qui est très long pour l'époque). Pourtant, on ne s'ennuie jamais ; paradoxalement, l'action est omniprésente, et le rythme n'est jamais mou ; la complexité d' l'histoire exige tout simplement une durée de plus de deux heures. La (très longue) séquence du cambriolage de la joaillerie est mémorable : elle se déroule dans un silence total. Corey et Vogel agissent sans jamais parler, en prenant garde de ne faire aucun bruit ; du coup, on a l'impression d'avoir coupé le son de la télé pendant quasiment une heure. Par conséquent, on se concentre entièrement sur l'image ; les cadrages sont aussi beaux qu'efficaces pour générer du suspense. Effectivement, on retient sa respiration, pensant à chaque instant que les deux hommes vont se faire surprendre... Probablement la meilleure scène du film.

Un polar à l'intrigue bien ficelée, esthétiquement très beau, avec de bons acteurs et un rythme jamais relâché. Un classique dans la lignée de ses prédécesseurs, mais toujours aussi efficace. À voir !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire