27 novembre 2010

LOL


Réalisatrice : Lisa Azuelos
Avec : Christa Theret, Sophie Marceau, Jérémy Kapone, Lou Lesage...
Date de sortie : 2008
Pays : France
Note : ♥♥

"Dis Julien, je voulais te demander un service...
Tu veux pas qu'on fasse l'amour ?"

LOL, c'est une abréviation ultra-utilisée par les ados du monde entier, qui ignorent pour la plupart sa signification réelle : "laughing out loud". LOL, c'est aussi le surnom de Lola, héroïne de 15 ans du film éponyme de Lisa Azuelos. La réalisatrice est surtout connue pour sa gentille comédie spéciale filles, Comme t'y es belle, sortie en 2006.

L'histoire de LOL ? Difficile à raconter, car l'intrigue est inexistante. Il s'agirait plutôt d'une série d'instantanés dans la vie d'adolescents parisiens, issus d'un milieu aisé. Lycée, amis, amours, premiers émois sexuels, drogue (gentiment, tout de même), parents plus ou moins conciliants... On suit donc Lola (Christa Theret) dans ses aventures avec sa bande de potes, ses révisions de brevet, ses galères avec son petit copain, ses relations avec sa mère (Sophie Marceau). Sans rebondissements ni début ni fin, le scénario nous entraîne simplement dans le quotidien de ces ados comme tous les autres.

Les critiques avaient, pour beaucoup, encensé le film pour son parti pris soit-disant original et décalé. Si parfois on ressent cette volonté dans LOL, elle n'est pas du tout assez aboutie, et c'est le majeur défaut du film. Celui-ci se veut visiblement original, fonctionnant sur l'autodérision et l'humour lié au genre de la comédie romantique. À l'image de la scène d'ouverture, où trois adolescentes arrivent au lycée, filmées au ralenti et cheveux au vent... et où la voix-off de Lola nous annonce que "Là, on est au ralenti parce que dans les séries américaines, quand les plus belles meufs du lycée arrivent, elles sont toujours au ralenti"... Ou cette scène un brin mélodramatique où les deux meilleurs potes sont sur le toit et s'avouent leur amitié indéfectible à grands renforts de pathos... jusqu'à ce que l'un d'eux fasse remarquer que "là, ça fait un peu la séquence pathétique, genre les deux meilleurs potes sont sur le toit et tout..." De temps à autre, la réalisatrice parvient à jouer sur les codes du genre et à donner un ton décalé au film.

Le problème, c'est que souvent, trop souvent, LOL retombe exactement dans ce qu'il s'efforce de parodier. Et c'est justement parce qu'il essaye de s'en détacher que ça en devient doublement ridicule... Nous avons malheureusement droit à moult moments totalement clichés, que d'autres films ont beaucoup mieux réussi à éviter : personnages déprimés pleurant sur une musique triste, flashbacks des moments joyeux défilant au ralenti... Histoires d'amour faussement finies pour toujours, puis les deux intéressés se jetant dans les bras l'un de l'autre... Père de l'un des ados, coincé et autoritaire, qui finit par se rendre compte du talent musical de son fils jusqu'à en pleurer d'émotion... Du coup, les scènes "parodiques" paraissent artificielles, forcées, comme pour s'excuser de ne pas avoir réussi à faire un film réellement original.

Les personnages, même si certains sont attachants, n'évitent pas non plus les stéréotypes. Les parents comme les ados sont divisés en catégories : la "pouffe" vulgaire et qui couche avec tout ce qui bouge, le "beau gosse" dont toutes les filles sont folles, le musicien amateur de guitare et de pétards, le fils de ministre au nom composé et au physique ingrat... Côté adultes, il y a la mère tendance qui s'habille et parle comme sa fille de 15 ans, les parents stricts et coincés qui ne permettent rien à leurs enfants, le prof de maths jeune et canon qui fait rêver la gent féminine... Chacun de ces personnages évolue exactement comme on s'y attend, jusqu'au happy end général.

L'autre gros défaut de LOL est que Lisa Azuelos oscille entre plusieurs genres ; ce qui fait que finalement, aucun d'eux n'est suffisamment abouti. Le film se veut drôle, mais les scènes où l'on rit vraiment sont rares. Le plus souvent, on sourit vaguement, non pas à cause du scénario mais à cause des souvenirs que la vision de ces ados suscite chez nous. Les moments romantiques sont présents, trop pour les spectateurs qui espéraient quelque chose de différent, mais pas assez pour satisfaire les amateurs du genre. Les moments tristes viennent ponctuer le tout de façon extrêmement prévisible...

La qualité du film réside dans ses interprètes, naturels et convaincants. Mention spéciale à la toute débutante Christa Theret, qui porte le film sur ses épaules et joue à la perfection l'ado-type qu'est Lola. Les autres acteurs adolescents sont plus ou moins bons - l'une d'elles, Lou Lesage, a toutefois un niveau bien inférieur à celui de ses comparses. Chez les adultes, on retiendra particulièrement la prestation d'Alexandre Astier (souvenez-vous, le roi Arthur de Kaamelott) dans son rôle de père divorcé, et celle, drôle et décalée, de Françoise Fabian dans celui de la grand-mère aussi inquisitrice qu'adorable. 

Quant à Sophie Marceau - le principal argument commercial du film lors de sa sortie - je ne l'ai pas trouvée si exceptionnelle que ça. Certes, son jeu est naturel et crédible en mère de famille partagée entre ses responsabilités d'adulte et ses envies de se comporter en ado immature... Mais personnellement, je l'ai trouvée plus agaçante qu'attachante. À croire quelle n'a toujours pas réussi à se détacher de son personnage de La Boum, qui l'avait rendue célèbre vingt-cinq ans plus tôt. Sa façon de parler résolument "jeune", sa relation "meilleure copine" avec sa fille, le tout a tendance à irriter. Elle tire tout de même son épingle du jeu lors de certaines scènes plus noires, dans lesquelles elle parvient davantage à s'imposer que dans le registre de l'humour léger.

LOL est donc un film sans aucune surprise, comme on en a déjà vu des dizaines. Les amateurs de feel good movies apprécieront - ceux qui espéraient un film original seront déçus. À voir uniquement pour la justesse de certaines scènes, dans lesquelles parents et ados se retrouveront.

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