Titre original : Dead Ringers
Réalisateur : David Cronenberg
Réalisateur : David Cronenberg
Avec : Jeremy Irons, Geneviève Bujold, Heidi Von Palleske, Stephen Lack...
Date de sortie : 1988
Pays : Canada
Date de sortie : 1988
Pays : Canada
Note : ♥♥♥♥♥
"There's nothing the matter with the instrument...
It's the body. The woman's body is all wrong !"
It's the body. The woman's body is all wrong !"
Faux-Semblants est l'un des films moins connus du célèbre cinéaste David Cronenberg, à qui on doit notamment La Mouche, Videodrome ou plus récemment A History of Violence ou Les Promesses de l'Ombre. Le film est basé sur le roman de Bari Wood et Jack Geasland, intitulé Twins ("Jumeaux") (lui-même vaguement inspiré d'un étrange fait réel) et a obtenu de nombreuses récompenses, dont 8 prix du Meilleur scénario.
L'histoire : Beverly et Elliot Mantle (tous deux joués par un seul et même acteur, Jeremy Irons) sont des jumeaux qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Ils sont tous deux gynécologues renommés et partagent tout : appartement, métier, cabinet, passions, amis... et femmes. Elliot, sûr de lui et extraverti, séduit les femmes et, lorsqu'il s'en lasse, son frère, plus timide et passif, prend la relève sans que celles-ci ne se rendent compte de la substitution.
Leur vie de complicité et de duperies se déroule parfaitement bien jusqu'au jour où Beverly tombe éperdument amoureux de la dernière conquête d'Elliot, l'actrice française Claire Niveau (Geneviève Bujold). Cette relation va perturber l'équilibre entre les deux jumeaux, et tous deux vont entamer ensemble une terrible descente aux enfers, mûs par une folie destructrice...
Comme dans bon nombre de ses films, Cronenberg développe dans Faux-Semblants l'une de ses obsessions récurrentes : la mutation génétique, la terreur organique, les déformations physiques et mentales. En effet, de Videodrome à Naked Lunch en passant par eXistenZ ou Scanners, on retrouve systématiquement chez le cinéaste une fascination malsaine pour l'organique, la chair, les mutations. Le générique de début de Faux-Semblants annonce la couleur : on y voit une série de gravures anciennes, représentant tout un échantillon de "freaks", bébés siamois, enfants malformés en bocaux, etc.
Cronenberg lui-même disait : "Un réalisateur doit trouver des représentations physiques pour exprimer des formes d'esprit intérieures"... Faux-Semblants est peut-être le film le plus représentatif de cette affirmation, dans le sens où le réalisateur cherche perpétuellement à traduire le lien très fort entre les deux jumeaux par des images physiques. Ainsi, dans un cauchemar, Beverly Mantle rêve qu'il est relié à son frère par une sorte de cordon ombilical monstrueux et gigantesque - cordon que Claire Niveau, allongée entre les deux hommes, finira par déchirer avec les dents, affirmant qu'elle va les séparer une fois pour toute...
Dans la même idée, la descente aux enfers de Beverly (initialement déclenchée par la certitude - fausse - que Claire le trompe avec son assistant) est illustrée à l'écran par des procédés aussi bien scénaristiques que visuels. Beverly, en proie à une dépression accompagnée d'une dépendance à la drogue, commence à avoir des hallucinations, et est persuadé que les femmes qu'il traite sont victimes de mutations génitales. Il se tourne alors vers un sculpteur pour créer une série d'instruments chirurgicaux dessinés par ses soins, afin d'opérer ces femmes-mutantes imaginaires. Ces outils métalliques, aussi beaux qu'effrayants - "l'évidence d'un esprit perturbé", affirmera un collègue de Beverly après que celui-ci les ait réellement utilisés en salle d'opération - vont finir par causer la destruction des deux jumeaux dans des circonstances atroces.
En outre d'un scénario impeccable et d'une imagerie personnelle et fascinante, le film bénéficie d'un casting remarquable ; en tête, évidemment, l'excellent Jeremy Irons, dans le rôle de Beverly et Elliot Mantle. Une double prestation qui donne lieu à tout un tas de trucages afin de faire croire à la présence simultanée des deux jumeaux à l'écran, et un choix intéressant de la part de Cronenberg, qui souligne le lien physique et mental très fort entre les deux hommes (beaucoup plus que s'il avait choisi de faire jouer de vrais jumeaux, soit deux personnes distinctes). Si, dans les premières scènes, on a parfois du mal à savoir qui est qui, on apprend très vite à connaître chacun des personnages et à les distinguer comme s'il s'agissait de deux acteurs différents. Jeremy Irons a été récompensé par de nombreux prix pour son interprétation.
Le choix de Geneviève Bujold dans le rôle de Claire Niveau a moins fait l'unanimité auprès des critiques et du public, mais je trouve au contraire qu'il est judicieux. Pour une fois, le personnage principal féminin, amour du héros, n'est pas jeune, ravissante et sexy... Bujold est vieillissante, a l'air fatiguée, pas spécialement belle ou attirante, et est loin de se comporter selon les "standards" des personnages féminins, épouses ou maîtresses, habituels.
Faux-Semblants est en outre servi par la grandiose musique du compositeur Howard Shore, qui accompagne tous les films de Cronenberg et que l'on connaît aussi (et surtout) pour la bande originale de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Lui aussi a obtenu une récompense, "Meilleure bande originale" aux Genie Awards de 1988.
Faux-Semblants est un film aussi fascinant que terrifiant, que l'on peut considérer comme l'apogée des thématiques chères à David Cronenberg. Un scénario sans faute, des prestations d'acteurs mémorables... Entre drame et horreur, un film voir absolument !
L'histoire : Beverly et Elliot Mantle (tous deux joués par un seul et même acteur, Jeremy Irons) sont des jumeaux qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Ils sont tous deux gynécologues renommés et partagent tout : appartement, métier, cabinet, passions, amis... et femmes. Elliot, sûr de lui et extraverti, séduit les femmes et, lorsqu'il s'en lasse, son frère, plus timide et passif, prend la relève sans que celles-ci ne se rendent compte de la substitution.
Leur vie de complicité et de duperies se déroule parfaitement bien jusqu'au jour où Beverly tombe éperdument amoureux de la dernière conquête d'Elliot, l'actrice française Claire Niveau (Geneviève Bujold). Cette relation va perturber l'équilibre entre les deux jumeaux, et tous deux vont entamer ensemble une terrible descente aux enfers, mûs par une folie destructrice...
Comme dans bon nombre de ses films, Cronenberg développe dans Faux-Semblants l'une de ses obsessions récurrentes : la mutation génétique, la terreur organique, les déformations physiques et mentales. En effet, de Videodrome à Naked Lunch en passant par eXistenZ ou Scanners, on retrouve systématiquement chez le cinéaste une fascination malsaine pour l'organique, la chair, les mutations. Le générique de début de Faux-Semblants annonce la couleur : on y voit une série de gravures anciennes, représentant tout un échantillon de "freaks", bébés siamois, enfants malformés en bocaux, etc.
Cronenberg lui-même disait : "Un réalisateur doit trouver des représentations physiques pour exprimer des formes d'esprit intérieures"... Faux-Semblants est peut-être le film le plus représentatif de cette affirmation, dans le sens où le réalisateur cherche perpétuellement à traduire le lien très fort entre les deux jumeaux par des images physiques. Ainsi, dans un cauchemar, Beverly Mantle rêve qu'il est relié à son frère par une sorte de cordon ombilical monstrueux et gigantesque - cordon que Claire Niveau, allongée entre les deux hommes, finira par déchirer avec les dents, affirmant qu'elle va les séparer une fois pour toute...
Dans la même idée, la descente aux enfers de Beverly (initialement déclenchée par la certitude - fausse - que Claire le trompe avec son assistant) est illustrée à l'écran par des procédés aussi bien scénaristiques que visuels. Beverly, en proie à une dépression accompagnée d'une dépendance à la drogue, commence à avoir des hallucinations, et est persuadé que les femmes qu'il traite sont victimes de mutations génitales. Il se tourne alors vers un sculpteur pour créer une série d'instruments chirurgicaux dessinés par ses soins, afin d'opérer ces femmes-mutantes imaginaires. Ces outils métalliques, aussi beaux qu'effrayants - "l'évidence d'un esprit perturbé", affirmera un collègue de Beverly après que celui-ci les ait réellement utilisés en salle d'opération - vont finir par causer la destruction des deux jumeaux dans des circonstances atroces.
En outre d'un scénario impeccable et d'une imagerie personnelle et fascinante, le film bénéficie d'un casting remarquable ; en tête, évidemment, l'excellent Jeremy Irons, dans le rôle de Beverly et Elliot Mantle. Une double prestation qui donne lieu à tout un tas de trucages afin de faire croire à la présence simultanée des deux jumeaux à l'écran, et un choix intéressant de la part de Cronenberg, qui souligne le lien physique et mental très fort entre les deux hommes (beaucoup plus que s'il avait choisi de faire jouer de vrais jumeaux, soit deux personnes distinctes). Si, dans les premières scènes, on a parfois du mal à savoir qui est qui, on apprend très vite à connaître chacun des personnages et à les distinguer comme s'il s'agissait de deux acteurs différents. Jeremy Irons a été récompensé par de nombreux prix pour son interprétation.
Le choix de Geneviève Bujold dans le rôle de Claire Niveau a moins fait l'unanimité auprès des critiques et du public, mais je trouve au contraire qu'il est judicieux. Pour une fois, le personnage principal féminin, amour du héros, n'est pas jeune, ravissante et sexy... Bujold est vieillissante, a l'air fatiguée, pas spécialement belle ou attirante, et est loin de se comporter selon les "standards" des personnages féminins, épouses ou maîtresses, habituels.
Faux-Semblants est en outre servi par la grandiose musique du compositeur Howard Shore, qui accompagne tous les films de Cronenberg et que l'on connaît aussi (et surtout) pour la bande originale de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Lui aussi a obtenu une récompense, "Meilleure bande originale" aux Genie Awards de 1988.
Faux-Semblants est un film aussi fascinant que terrifiant, que l'on peut considérer comme l'apogée des thématiques chères à David Cronenberg. Un scénario sans faute, des prestations d'acteurs mémorables... Entre drame et horreur, un film voir absolument !